Medias24. Octobre 2015.
C’est le dernier né des grands hôtels de Marrakech. Le Mandarin Oriental a nécessité un investissement de 700 millions de dirhams et presque 6 ans de travaux. Pour un résultat exceptionnel: un hôtel de 54 villas et 9 suites luxueuses; un SPA de 1800 m2; plusieurs restaurants dont le Mes’Lalla pris en main par Meryem Cherkaoui. Le tout réparti sur une surface de 20 hectares, plantés d’oliviers, dont certains sont plus que centenaires, et de quelques 100.000 roses. Visite de l’établissement avec son Directeur Général Mark Bradford. Né en Suisse, d’origine écossaise et irlandaise, il connait bien le Mandarin Oriental: cela fait plus de 15 ans qu’il travaille pour le Groupe.
Médias24: Mandarin Oriental Marrakech est le premier établissement du Groupe en Afrique du Nord. Pourquoi ce choix du Maroc et de Marrakech en particulier?
Mark Bradford: La première raison, je pense, est le lien émotionnel très fort qui existe entre cette destination magique et le Groupe Mandarin Oriental. Notre PDG Edouard Ettedgui, qui dirige notre Groupe depuis 1998, est natif de la ville de Marrakech. C’est grâce à notre propriétaire M. Omar Kabbaj et à M. Ettedgui que nous sommes aujourd’hui présents dans cette destination convoitée et exotique.
La deuxième raison, c’est que Marrakech est tout simplement une destination qui fait rêver. C’est une destination classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, une destination d’exception à trois heures d’avion des grandes capitales Européennes. Elle est bien desservie avec des vols quotidiens d’AirFance, de Royal Air Maroc, de British Airways, de Swiss, de Luftansa, de Easyjet et bientôt d’American Airlines. C’est une destination remplie d’exotisme, de soleil, de mystère et de culture. Marrakech offre donc un dépaysement complet pour des voyageurs avertis en quête d’évasion et d’une expérience inoubliable.
La troisième raison est l’hôtel lui-même, conçu par Monsieur Kabbaj avec l’architecte de renom Pascal Deprez et le duo Patrick Gilles et Dorothée Boissier pour la décoration d’intérieur. Ce lieu d’exception correspond absolument à nos critères en tant que Groupe Hôtelier de luxe à travers le Monde. C’est un resort original et novateur dans son design et mon souhait est qu’il devienne un établissement de luxe qui fournisse à nos clients un bien-être total.
-Et la situation géopolitique ne vous inspire aucune crainte?
-On vit tous dans un monde qui change tellement vite! Il y a tellement d’événements hyper médiatisés par internet et les réseaux sociaux! Mais je pense que les voyageurs avertis, qui connaissent bien les destinations comme Marrakech, qui aiment le voyage, qui aiment la culture, voient au-delà. Nous ne sommes à l’abri nulle part aujourd’hui et le Royaume du Maroc déploie un dispositif de surveillance très pointu pour assurer la sécurité de ses citoyens et de ses visiteurs.
Notre développeur a investi plus de 700 millions de dirhams sur ce projet: c’est un investissement à long terme qui prouve que l’on croit dans le potentiel de Marrakech et du Maroc. Il y aura toujours des moments d’orage, des hauts et des bas. Mais regardez ce qu’était Marrakech il y a 10 ans et ce que la ville est devenue aujourd’hui… Je suis donc très optimiste. D’autant plus que la classe moyenne marocaine grandit et que la clientèle locale devient importante pour Marrakech également.
-Pour revenir à l’hôtel lui-même: 700 millions d’investissement, un terrain de 20 hectares, un hôtel avec des villas, un SPA, plusieurs restaurants… Cela nécessite beaucoup de personnel.
-Nous avons actuellement 222 employés. Le recrutement a débuté en février dernier. Ils étaient plus de 2000 à postuler et nous sommes très fiers de l’équipe en place. C’est essentiel car le service va être la clé de notre succès. Nous avons pu trouver de très bons candidats venus de Casablanca, de Fès, de Tanger et bien sûr de Marrakech.
Et nous attachons énormément d’importance à la formation. Nous avons une responsable à plein temps qui s’en occupe: ce n’est pas une consultante; ce n’est pas une société extérieure qui fournit une prestation ponctuelle. Nous avons commencé ces formations il y a plus de 3 mois avec les cadres et il y a 45 jours avec tous nos employés et cela va continuer de façon permanente. Encore une fois, c’est essentiel.
Je vous donne un exemple: la Directrice du SPA, qui est de Ouarzazate, n’avait jamais quitté le Maroc. Nous l’avons envoyée un mois en formation au Mandarin Oriental de Paris; elle a ensuite passé un mois en Asie, à Bangkok et Hong-Kong. Nous avons donc investi sur la personne, pour lui donner une vision mondiale de ce qu’est un grand SPA aujourd’hui. Et je suis touché de voir à quel point, en un an, cette jeune femme s’est enrichie.
Les jeunes marocains ont soif d’apprendre, mais il faut croire en eux. Il faut investir dans ces jeunes. Il y a ici un grand potentiel. J’ai travaillé en Indonésie, aux Philippines, en Thaïlande et j’ai voyagé à travers toute l’Asie du Sud-Est. Je ressens au Maroc la même énergie chez ces jeunes qui ont envie et qui ne font pas preuve de ce pessimisme qui règne actuellement en Europe.
-Vous parliez du SPA qui va être un de vos points forts. Vous misez non seulement sur la clientèle de l’hôtel, mais également sur la clientèle extérieure…
-L’objectif de tout hôtelier digne de ce nom est que son établissement devienne un lieu de vie. Ma mission est d’être accueillant, d’être ouvert à la clientèle locale. Le SPA en fait partie. La restauration en fait partie. Et l’hôtel en fait partie. Nous ne voulons pas être un hôtel de grand luxe infranchissable pour les gens qui habitent Marrakech et qui ont envie de se faire plaisir, lors d’un diner, en profitant de la cuisine de Meryem Cherkaoui ou d’un soin dans ce superbe SPA. Faire de cet établissement un vrai lieu de vie pour les marocains, pour les marrakchis, sera notre succès…. En tout cas, c’est notre souhait!
-Il y a à Marrakech beaucoup d’hôtels de luxe, certains très anciens, d’autres plus récents: quels sont les points forts du Mandarin Oriental par rapport aux autres établissements?
-Le premier point fort, c’est la configuration de cet hôtel avec ses 54 villas individuelles, avec leur piscine privée, qui offrent des espaces de vie exclusifs. Ces villas permettent de profiter de grands espaces, intérieurs et extérieurs, où nous avons essayé de mettre en avant les lumières si particulières de Marrakech. Que ce soit le matin ou le soir, la lumière de Marrakech reste une signature de nos villas d’exception.
Le deuxième point fort, c’est le SPA dont nous avons parlé. Et le troisième, notre table: notre objectif est d’en faire un restaurant qui, certes, fait partie du Mandarin Oriental, mais qui ne doit pas être simplement un restaurant d’hôtel. Il doit s’imposer comme un restaurant à part entière, avec sa personnalité, avec son chef et son interprétation de la cuisine marocaine. Et je ne remercierai jamais assez Meryem Cherkaoui de nous avoir suivis dans cette aventure.
Le dernier point, qui est aussi le plus important, sera le service pour lequel nous sommes reconnus dans le monde entier et qui de jour en jour prendra de l’assurance dans le but de procurer du bonheur et de la satisfaction à nos clients jusque dans leurs moindres désirs, tous les jours.
-Pour l’hôtel, quelle clientèle visez-vous en priorité?
-On peut se tromper, car à la veille d’une ouverture, tout le monde fait des pronostics, mais notre objectif, c’est de cibler en premier lieu la clientèle française qui, historiquement, est une clientèle qui aime le Maroc, qui apprécie Marrakech. Quasiment à égalité, nous visons la clientèle britannique. Nous avons un établissement à Londres et à Paris; notre marque est forte. Ensuite, l’Allemagne et la Suisse seront probablement les troisièmes clients. Sans oublier la clientèle du Moyen-Orient, la clientèle brésilienne, la clientèle américaine.
J’ai même des clients de Shanghai qui m’ont déjà fait une réservation pour avril 2016: après avoir découvert Paris, Madrid et Rome, les chinois souhaitent découvrir des destinations plus exotiques. Nous allons donc contribuer à valoriser la destination Marrakech, parce que notre présence forte en Asie incitera les clients à nous faire confiance et à venir dans notre établissement de Marrakech.
-Terminons sur une question très terre-à-terre: vous disiez que vos prix allaient rester raisonnables. Concrètement, quelle est votre fourchette de prix?
-Nous avons deux stratégies qui se complètent. Une stratégie villas pour ce produit d’exception. On démarre à 1250 euros la nuit, en basse saison, ce qui n’est évidemment pas à la portée de tout le monde. Toutefois, le niveau reste comparable à celui d’autres grands établissements de la ville. Pour nos suites, le tarif débute à 750 euros. Nous avons en parallèle de nombreuses offres, dont par exemple une offre exclusive d’ouverture avec la troisième nuit offerte. Nous avons également des tarifs spéciaux pour la clientèle marocaine et pour toutes les personnes résidant au Maroc.
Trois questions à Meryem Cherkaoui, Consultante Culinaire et Chef de Cuisine
Formée à l’Ecole Paul Bocuse, Meryem Cherkaoui a travaillé dans des établissements prestigieux comme le Majestic à Cannes ou le Crillon à Paris avant d’ouvrir son restaurant à Casablanca. En prenant en main la cuisine du Mes’Lala, le restaurant gastronomique, elle garantit, à coup sûr, le succès du lieu.
Médias24: Quel est le concept de la cuisine que vous allez proposer au Mandarin Oriental?
Meryem Cherkaoui: J’ai imaginé la carte en proposant d’abord une carte «signature» qui est le reflet de ma cuisine que l’on peut définir comme une cuisine contemporaine marocaine. Mais j’ai également voulu une carte de cuisine traditionnelle familiale avec toutes les régions du Maroc, comme le couscous au poisson ou ces cheveux d’ange que l’on mangeait chez les paysans dans le centre du Maroc. J’ai voulu transcrire dans le restaurant toutes ces cultures.
-D’où vient votre équipe?
-Je connaissais une partie de l’équipe avant: ce sont des gens avec qui j’ai déjà travaillé. D’autres ont été embauchés ici, pour nous rejoindre dans l’aventure.
J’avais une école où j’organisais des ateliers pour les professionnels. J’ai toujours aimé la formation, la transmission du savoir mais aussi la rigueur. Je standardise toutes mes recettes et je veux que mes équipes aient toujours cette rigueur qui est indispensable. Même si je ne suis pas là tous les jours, je suivrai en permanence le travail des uns et des autres. On est dans un palace et on se doit d’être au plus près de nos clients, à l’écoute de leurs souhaits.
-Qui s’est occupé de la carte des vins?
-J’ai une formation d’œnologie. Quand j’étais chez Bocuse, j’ai appris l’art du vin pendant deux ans, avec un «meilleur ouvrier de France», Marisa Larousse. J’ai imaginé la carte des vins avec le responsable du restaurant. Nous avons apporté l’un et l’autre nos coups de cœurs, en tenant compte, bien sûr, des mariages avec les plats.
Source : Médias24